Une belle histoire que cette rénovation en deux phases, qui correspond chaque fois à des appétits différents et complémentaires.
Elle démontre que le geste d’améliorer son espace de vie est un souci permanent qui correspond très précisément à une manière de vivre.
Ce qui sous-entend que l’architecte Eric Lebé et l’ensemblier décorateur Fabienne Claesen ont chaque fois su être à l’écoute rigoureuse des maîtres de l’ouvrage en adaptant leurs conceptions.
Le parti de l’architecte
Le programme de cette transformation consistait à améliorer les surfaces habitables et les contacts avec l’extérieur, vue et jardin, le terrain étant en surplomb.
Il fut réalisé en deux phases…
1. Phase en 1987
La maison étant exiguë (largeur 4,55 m x longueur 1,10 m), les propriétaires souhaitaient récupérer la surface terrasse au-dessus du « garage » pour réaliser une extension avec verrière. Ils profitèrent ainsi de cet espace pour en faire leur salle à manger.
Pour cette réalisation, le choix fut une cloison de ± 180 cm de haut en dalle de verre afin de séparer visuellement la zone cuisine de la salle à manger et une véranda avec une partie couverte.
Prix des travaux avec nouveau recouvrement de sol : ± 570.000 FB TVAC, hors honoraires architecte et mobilier.
2. Phase en 1993
L’évolution de la vie et le souhait de vivre dans des espaces plus importants firent naître, dans le chef des maîtres de l’ouvrage, l’envie de changer de résidence et ce, malgré le calme et l’agrément du quartier.
Dans la même période, une servitude – un chemin piétonnier communal séparant la propriété du jardin – fut supprimée et les riverains purent chacun en acquérir la propriété et en jouir. Dès lors, étant donné le prix des maisons à vendre dans la région et des adaptations et frais à engendrer, une nouvelle transformation fut envisagée afin d’agrandir encore la maison et de profiter du contact direct avec le jardin.
A l’analyse urbanistique, l’agrandissement de la maison jusqu’à la limite latérale de la propriété et la limite maximum vers l’arrière était très intéressant pour de nombreuses raisons dont, surtout, de nouvelles importantes valeurs d’habitabilité. En effet, la surface première du rez-de-chaussée s’agrandissait de près de 150 %, living compris.
Sous-sol : 1. Living; 2. Cave; 3. Jardin; 4. Terrasse
L’objectif de l’architecte était de conserver le caractère premier et agréable de la zone cuisine et d’aménager une salle à manger spacieuse en mezzanine en contact avec l’extérieur. D’où la passerelle et la terrasse en élément aérien surplombant un living aménagé au niveau du jardin et d’une terrasse en klinker légèrement enterrée et intégrée grâce aux larges surfaces vitrées. Mais le but était aussi de créer une ‘interpénétration’ des différents niveaux et zones favorisant une relation constante entre l’intérieur et l’extérieur.
L’étude du projet en 3D, avec l’aide de l’ordinateur, permit une visualisation détaillée et précise des zones imaginées, et du même coup la compréhension et la décision des maîtres de l’ouvrage.
La luminosité des lieux et la relation harmonieuse avec le jardin tenaient fort à cœur aux maîtres de l’ouvrage. Le vide et les grandes fenêtres arrières permettent un contact et une interpénétration visuelle des zones et de la vie intérieure et extérieure.
L’option du vide laissé entre la façade arrière et le niveau rez permet à la lumière de pénétrer profondément dans le salon au niveau jardin. La perspective en 3D illustre le jeu des niveaux orchestrés autour de l’escalier et de la passerelle qui sont autant d’invitations au contact extérieur avec la terrasse orientée au Sud.
La cloison en dalle en verre a été conservée et le placement de deux simples fenêtres de toit permet de créer une ambiance lumineuse et verdoyante au centre de la pièce. Le choix des recouvrements de sol en bois et l’emploi d’une ferronnerie légère s’harmonisent avec l’idée de transparence et d’ambiance chaleureuse.
L’élargissement du rez-de-chaussée a permis de réaliser un hall avec vestiaire et sanitaire, à l’origine inexistant à ce niveau. L’ensemble des façades a été traité dans le respect du caractère de la façade à rue existante afin de revaloriser le « style architectural ».
Prix des travaux de la seconde phase : +- 2.800.000 F TVAC, hors honoraires architecte et mobilier.
Commentaire de la rédaction
La seconde rénovation annexe véritablement un tout nouveau volume à la construction existante, tant latéralement que dans la partie arrière ouverte sur le jardin.
On réactualise totalement l’espace habitable en créant une authentique entrée, avec ses services vestiaire et sanitaire, mais surtout en ajoutant une toute nouvelle échelle des espaces de vie par la composition d’un ensemble salle à manger-living en duplex.
Une excellente manière de prolonger l’esprit de la première rénovation qui, déjà, amorçait cette idée de transparence et de communication en introduisant un « paravent » en pavés de verre comme séparation entre cuisine et salle à manger-véranda.
C’est tout un étage de « sous-sol » qui est prolongé et récupéré comme espace de vie au niveau du jardin et qui, grâce à des ouvertures et des rapports de passerelles et escalier, est annexé aux locaux de jour (salle à manger-cuisine) du rez.
La volumétrie toute entière avec sa toiture inclinée, sa baie en échancrure de la toiture et la passerelle en communication avec le balcon créent un ensemble homogène qui identifie tout le séjour dans les trois dimensions.
Un atout de la rénovation est d’introduire un esprit d’ouverture et de communication qui manque généralement aux constructions traditionnelles.
On y parvient par la démolition des cloisons séparatives inutiles, le percement de certains planchers (mezzanine et duplex) ou encore, comme ici, par l’adjonction d’une entité qui résume à elle seule la manière de vivre contemporaine.
Au niveau de l’esthétique des nouvelles façades, il n’est pas question de renoncer à l’authenticité du langage contemporain, mais simplement de le diluer dans une façade latérale allant rejoindre une expression plus traditionnelle à front de rue.
Les matériaux intérieurs à base de bois et de métal empruntent un langage très dépouillé pour composer le décor de cette structure et des plateaux d’étage. Le mariage du passé et du présent se réalise en toute harmonie.
Source :
Je vais construire 179 – mars 1995